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Erwan Le Roux : « Depuis trois jours, je savais que j’allais gagner »
Il l’a fait ! Ce dimanche 20 novembre, à 11h50 (heure de Paris), Erwan Le Roux, le skipper de Koesio, a franchi la ligne d’arrivée de la 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe, signant ainsi la victoire dans la classe des Ocean Fifty avec une avance de seulement 18 minutes et 13 secondes sur Quentin Vlamynck. La performance est magistrale. Elle lui permet de rentrer encore un peu plus dans la légende de la course en devenant le quatrième marin à remporter l’épreuve deux fois dans la même catégorie au côté de Laurent Bourgnon, Roland Jourdain et Franck-Yves Escoffier, mais aussi d’établit un nouveau record sur les 3 542 milles du parcours dans sa catégorie : en 10 jours, 21 heures, 35 minutes et 52 secondes.
Après une première victoire en 2014, vous réalisez aujourd’hui le doublé avec panache. Que ressentez-vous ?
« C’est un truc de dingue ! Je suis hyper content ! En claquer une, c’était déjà fou mais en claquer une deuxième, c’est juste dinguo ! Ça me procure énormément d’émotions. Le duel avec Arkema a été fantastique et restera à coup sûr dans les annales de la course. Quentin a fait une course magnifique et je veux vraiment lui rendre hommage. On savait, l’un et l’autre, que les derniers milles, et en particulier le tour de la Guadeloupe, seraient déterminants. Ces derniers jours, je l’ai bien mis sous pression. Mon léger décalage dans son nord, sur la fin, a été très payant. Il m’a permis de revenir petit à petit et même de passer avant lui à la Tête à l’Anglais ce matin, ce que, j’avoue, je n’avais pas vraiment prévu. Mon objectif, c’était de cravacher pour arriver à ce point de passage avec le minimum d’écart avec lui. A 80 milles de la pointe nord de Grande-Terre, la ligne de furling de mon gennaker a cassé. J’ai dû affaler, saucissonner la voile dans le filet et finir sous J1 comme un kalu. C’était un moment complètement fou. Le bateau était comme en apesanteur. Je bombardais à 30 nœuds quand Quentin avançait à 20. Je lui ai ainsi collé dix milles en heure. J’étais à l’attaque et en pleine forme. J’avais vraiment bien anticipé ces derniers milles autour de la Guadeloupe en ayant fait un maximum de siestes. Je savais que j’avais ma carte à jouer et je n’ai rien lâché ! C’était un match d’une intensité rare, un très beau duel. Je ne pouvais pas rêver meilleur scénario, ni meilleur adversaire. Quentin est un mec bien et je suis content d’avoir partagé ce « fight » avec lui. C’était vraiment dingue ! »
Vous avez débuté la course de manière plutôt sage avant de finir pied au plancher. Avez-vous le sentiment d’avoir parfaitement bien géré la course ?
« C’est ma façon de naviguer. Ça fait des années que je gère mes courses de cette manière. J’adore le portant. C’est mon ADN. Je sens le bateau, je sais le faire aller vite. Je voulais vraiment arriver avec un bateau à 100% dans les alizés pour pouvoir faire parler la poudre. Pour faire s’exprimer la machine et pour m’exprimer moi. Ça a fonctionné. J’ai éprouvé énormément de plaisir sur cette transat. Des doutes ? Je n’en ai jamais eu. J’ai beaucoup travaillé avec Gilles Monier en préparation mentale. C’est un truc de malade mais je n’ai vraiment jamais été dépassé par mes émotions, pas même lorsque j’étais en train de saucissonner mon gennak cette nuit, ni même dans les dévents de Bouillante (Basse-Terre, ndlr) ce matin. J’ai déroulé le plan sans me poser de questions et en restant parfaitement zen. Cela faisait en fait trois jours que je savais que j’allais gagner, aussi bizarre que cela soit à dire. »
Après une première victoire en 2014, vous signez aujourd’hui un superbe doublé. Est-ce que vous réalisez ?
« C’est très fort. Lorsque j’ai franchi la ligne d’arrivée, j’ai pleuré. Ma motivation, c’était de prouver à mes filles que j’étais capable de gagner une nouvelle fois. Je l’ai fait. C’est fou, c’est dingue, c’est tout ce qu’on veut, mais je l’ai fait. »