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Les premières fois : un pouvoir unique et marquant
Son premier saut en parachute, sa première signature de bail, sa première rupture amoureuse, son premier Noël sans grand-maman, son premier programme d’entraînement personnel… Qu’elles soient synonymes de bons ou de moins bons moments, les premières fois représentent toujours bien plus qu’un simple souvenir. Elles ont le pouvoir d’être uniques et marquantes. Elles s’accompagnent généralement d’une certaine nervosité ou d’une excitation. Dans tous les cas, elles créent des émotions incomparables. Le duo de l’Ocean Fifty Koesio en a pleinement conscience. Qu’il s’agisse d’Erwan Le Roux, qui s’aligne pour la neuvième fois au départ de la Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre après l’avoir, en prime, déjà remportée à trois reprises, ou d’Audrey Ogereau, qui s’apprête à réaliser son tout premier grand saut à travers l’Atlantique, l’un et l’autre reconnaissent qu’on n’en vit jamais trop !
Erwan Le Roux l’avoue sans détours : sa première Transat Jacques Vabre, courue en 2005 au côté de Thierry Duprey du Vorsent à bord du trimaran Gitana X et bouclée en 4e position dans la catégorie reine des ORMA, l’a marqué au fer rouge. « On était 14 duos au départ et seulement quatre à l’arrivée. Pffff, que ça avait été dur ! On avait enlevé les combinaisons sèches au niveau du Cap Vert et les chavirages, au sein de la flotte, s’étaient succédé les uns après les autres » se souvient le navigateur qui, de son côté, était parvenu à essuyer les différents passages de front en restant à l’endroit mais en cassant beaucoup de matériel, ce qui les avait contraints, lui et son acolyte, à marquer une escale technique à Porto, au Portugal. « Les plans porteurs, les voiles… tout avait pété. Les bateaux étaient vraiment très extrêmes. Cela m’a profondément marqué et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, depuis tant d’années, je fais tout mon possible pour ne surtout pas reproduire, dans la classe Ocean Fifty, ce schéma qui a été à l’origine de l’extinction de la classe ORMA », explique le skipper de Koesio attaché à une vraie équité sportive. Déterminé à ce que ce soit avant tout le marin qui fasse la différence et non la machine. « Bien qu’après cette expérience, je m’étais juré de ne pas y retourner, il se trouve que c’est bel et bien elle qui est le socle de ma carrière en course au large. Le démarrage d’un peu tout », souligne Erwan qui comprend, mieux que personne, les appréhensions et les interrogations auxquelles se heurtent son équipière à dix jours de sa toute première traversée de l’Atlantique, à bord d’un grand multicoque qui plus est. « Je sais ce qui se passe dans sa tête et les questions qu’elle est en train de se poser. Je me revois forcément, dix-huit ans en arrière. Le contexte est toutefois très différent. La méthode d’entraînement, la préparation globale… tout a beaucoup évolué. Tout est plus abouti. Tous les spectres de la performance sont optimisés, qu’il s’agisse de la préparation physique, de la préparation mentale ou encore de la nutrition. Au fur et à mesure des années, le team a emmagasiné des expériences et des connaissances et cela nous permet, à Audrey et à moi, d’être en capacité de pousser le curseur à fond dans tous les domaines. On peut dire qu’aujourd’hui, bien que l’on continue d’apprendre continuellement dans notre discipline, on est dans un contexte de performance assez hallucinant, ce qui n’était pas le cas, même pour les plus grosses équipes, il y a vingt ans », assure le Trinitain.
ESSAYER DE VISUALISER, DE SE PROJETER
Si le contexte est, de fait, différent, les émotions restent néanmoins les mêmes. L’anxiété, les craintes un peu vagues, l’enthousiasme… tout se bouscule en effet dans la tête d’Audrey Ogereau à l’approche du grand départ, au large du Havre. « Une première transat, ce n’est pas rien. Il y a quelques jours encore, je ressentais davantage de stress que tout autre chose mais à présent, c’est clairement l’excitation qui domine. J’ai envie d’y aller ! », déclare la navigatrice.
Pour elle, les inconnues pourtant sont nombreuses : « En ce qui me concerne, tout ou presque va être synonyme de découverte. Erwan m’aide à me faire le film de ce qui va se passer, ou à tout le moins, à le visualiser. Il me met en garde sur quelques points. Me rappelle l’importance, dans ce type de situation, de garder des moments à moi, de ne pas trop me faire submerger par mes émotions ni par les sollicitations. Cela est important car si j’aime les surprises, je préfère être en mesure d’en anticiper certaines ».
La régatière se réjouit de vivre son premier départ de transat, sa première traversée du golfe de Gascogne, ses premiers bords interminables dans les alizés mais aussi sa première arrivée en Martinique. « Forcément, il y aura également des premières fois que je n’aurai pas prévu. Pour les vivre, je ne pouvais toutefois pas espérer meilleur partenaire, meilleur bateau, meilleur team et meilleur parcours ! », termine Audrey Ogereau qui sait que cette 16e édition de la Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre restera, pour elle, à jamais unique. A jamais la première.